Français : Ce frontispice offre un véritable manifeste justifiant la colonisation espagnole. Au-dessus d’un globe montrant l’Amérique qualifiée de « province » (condita) trônent les armes du roi d’Espagne Philippe IV. A gauche, le conquistador, Hernàn Cortes, en armure et avec le bâton de commandement, porte un médaillon qui le représente en train de prendre la couronne de l’empereur aztèque Moctezuma. C’est la « main » (manu) de la conquête : la domination politique et militaire. A droite, l’aumônier de l’expédition, Bartolomé de Oviedo, brandit une croix et un médaillon le montrant en train de baptiser les peuples rencontrés. C’est la « voix » (ore) de la conquête, qui justifie la prise de possession des terres par la conversion des autochtones, condition de leur salut. Terminée en 1568 par un des compagnons de Cortès lui-même, cette relation de la conquête du Mexique est réputée pour son ton libre, ses anecdotes et ses détails. Elle prend le parti des soldats espagnols, généralement issus de la bourgeoisie ou de la petite noblesse, à la culture pétrie de romans de chevalerie. S’il justifie plusieurs exactions faites aux autochtones, l’auteur critique aussi la duplicité des conquistadores et met à jour avec ironie les travers de ses chefs. Elle ne sera publiée que 65 ans plus tard, à la demande d’Alonso Remon, chroniqueur de son ordre, le même que Bartolomé de Oviedo. - Bibliothèque municipale de Lyon, mis en ligne sur Numelyo