Châteaudun (Eure-et-Loir)

Ruines de l'église Saint-Lubin.

L'église Saint-Lubin, fondée au V-VIème siècle par l'évêque Aventin*, est le plus vieil édifice chrétien de la ville. Le saint évêque aurait bâti l'église de ses propres deniers. Celle-ci aurait été dédiée à Saint-Etienne qui restera le second patron de l'église jusqu'à la révolution.

Il est possible qu'elle ait eu rang épiscopal dès la fin du Vème, début du VIème siècle, Aventin ayant signé comme évêque de Dun au concile d'Orléans en 511*.

Grégoire de Tours rapporte qu'un prêtre de Châteaudun nommé Promothe obtint de devenir évêque de sa ville. L'église devait donc bien avoir rang épiscopal sous le règne de Sigebert.

"L'évêque de Reims entreprit d'ériger un évêché à Châteaudun qui étoit du domaine de Sigebert*, & en consacra évêque un prêtre du diocèse de Chartres nommé Promote. La ville de Chârtres appartenait à Gontran*, Châteaudun étoit de ce diocèse, & l'évêque porta fes plaintes au roi contre l'entreprise de l'évêque de Reims qui n'avoir nul droit de faire une telle érection dans le diocèse d'autrui. Gontran fut pour l'évêque de Chartres, & Sigebert foutint l'évêque de Reims. Gontran proposa à Sigebert de s'en rapporter à une affublée d'évêques ; il y confentit , & on tint à ce sujet le IV.concile de Paris, où fe trouvèrent plus de trente évêques la plupart du royaume de Gontran. L'évêque de Chartres & celui de Reims n'y affifterent point. Le premier y fit présenter fa requête, fur laquelle il gagna fon procès, & le concile écrivit à l'évêque de Reims pour l'obliger à fe defifter de fa prétention, & lui déclarer que fi le prêtre facré évêque entreprenait de faire aucune fonction épiscopale, ne fe foumettoit à fon évêque diocésain, on l'excommunieroit de quelque puiffance qu'il fût foûtenu. Le concile écrivit auffi au roi d'Auftrafie, pour le supplier de ne point faire le protecteur d'une fi mauvaise caufe : mais malgré le concile, Promote fût foûtenu & demeura évêque." (Histoire de France depuis l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules par le Pere G. Daniel, de la Compagnie de Jésus - Tome I p 573 - 1755)

Ce rang épiscopal fut certainement éphémère.

Sous prétexte d'un miracle, il semble bien que Chartres reprendra la main, mettant un terme à cette velléité d'autonomie locale avec l'appui du diocèse de Reims.

L'église sera dédiée à Saint-Lubin, évêque de Chartres, assez rapidement. Le bréviaire de Chartres nous dit que Saint-Lubin ressuscita une fille de Châteaudun et la rendit en pleine santé à Baudelin, son père.

En 1079, Guillaume Gouet II* (+ vers 1120) fait dont de l'église Saint-Lubin de Châteaudun à l'Abbaye Saint-Père de Chartres qui y installera un prieuré. Guillaume donne avec l'église le lieu qui la jouxte nommé "les cours d'Arnoult" ainsi qu'un chevalier. Il précise aussi qu'il donne l'église "pour le salut de son âme et celle de ses ancêtres." (L'église Saint-Lubin de Châteaudun - B. Robreau - Revue archéologique du Centre 1984).

L'importance religieuse de l'église Saint-Lubin déclinera au profit de l'église de La-Madeleine située hors les murs. Saint-Lubin ne sera qu'une paroisse d'un quartier de la ville forte. La paroisse, devenue sans objet, disparaîtra à la Révolution, vers 1792-1793. Le dernier curé de Saint-Lubin, Etienne Julien Traxcelle, infidèle à ses voeux (avec un conjoint et commissaire du directoire), étant considéré comme intrus, le véritable dernier curé de la paroisse, de 1784 à 1792, serait donc René Eloi Raimbert.

L'église deviendra atelier d'armement, puis habitation avec jardin et écurie.

En 1980, à la veille du rachat des ruines par la municipalité, le lieu ne servait plus que de poulailler et de dépotoir.

Actuellement en état de ruine, les fouilles effectuées dans les années 1980 ont révélé que l'église avait été construite sur des remblais de l'époque gallo-romaine.

• Saint-Aventin de Chartres (+ vers 528) fut évêque de Chartres. Son frère Saint-Solenne lui succéda.

• Concile d'Orléans de 511 : Le concile d'Orléans (Aurelianum) de Juillet 511, est réuni sur convocation de Clovis 1er, roi des Francs. Le concile réunit trente deux évêques, venu de toutes les régions du royaume Francs. La majorité des 32 évêques est originaire de la région comprise entre Seine et Loire, première conquête de Clovis avant d’avoir lancé ses troupes vers les riches terres du Sud.Cyprien de Bordeaux, représentant l’Aquitaine récemment conquises aux dépends des Wisigoths (507), préside l’assemblée.

Une partie des canons du concile répondait à des interrogations politiques. Les problèmes du droit d' asile et des mariages incestueux. Le concile s'attacha à protéger de la mort et de la mutilation, les homicides, adultères, ravisseurs de jeunes filles et esclaves fugitifs, catégories particulièrement exposées au droit de vengeance privée des lois barbares.

Une autre partie des canons intéressait les autorités civiles, l'entrée en religion était en effet un moyen de se soustraire aux obligations des hommes libres, comme le service militaire ou les impôts. L'assemblée décida que désormais les candidatures devaient être approuvées par le roi ou par le comte qui représentait celui ci. Il excepta toutefois les fils, petit-fils et arrière-petits-fils de prêtres.

Relativement aux ariens (qui ne reconnaissaient pas la divinité du Christ. Les Ostrogoths, les Wisigoths, les Vandales et les Burgondes étaient ariens. Mais les Francs se firent catholiques.), les canons recommandèrent la modération, afin d'accélérer les conversions à l'orthodoxie.

Le concile défendait aux membres du clergé d'admettre dans leur demeure d'autres femmes que leurs proches parentes. Les prêtres mariés devaient rompre leur union, en tout cas s'abstenir de relations charnelles avec leur épouse, laquelle pouvait cependant cohabiter avec eux.

• Sigebert Ier ou Sigisbert (535 - 565), roi des francs de Reims.

• Gontran (532 - 592), roi de Bourgogne et roi de Paris.

• Guillaume Gouët II (1055 - 1120), comte du Perche-Gouët. Le Perche-Gouët est une ancienne province qui s'étend pour l'essentiel dans l'actuelle Eure-et-Loir et pour partie dans le Loir-et-Cher et la Sarthe.

Ruins of the Church of Saint Lubin.

The church of Saint-Lubin, founded in V-VI century by Bishop Aventin.

After a phase of development (6th - 11th cent.) the church declines .