Chaillac (Indre)

Le château de Brosse.

D'après Littré, "brosse" viendrait du haut allemand "burst (allemand moderne "Bürste"), qui désignait quelque chose de hérissé. Ce lieu sauvage devait être hérissé de "broussailles". Ce serait ainsi le château des broussailles.

En 937, dans le cartulaire de Saint-Cyprien de Poitiers, Brosse est signalé comme vicomté relevant du Poitou.

Par mariage de la vicomtesse Rothilde de Brosse* (932-?) avec le vicomte Géraud Ier de Limoges*, Brosse passe aux vicomtes de Limoges. Ce serait le début de la construction du château. Le couple eu de nombreux enfants : Gui qui deviendra vicomte de Limoges après son père; Aimeric de Rochechouart dit Aymeric l'Ostefranc; Géraud d'Argenton (à l'origine de la branche des vicomtes de Brosse) ; Hildegaire et Alduin, qui se succédèrent à la tête de l'évêché de Limoges ; Geoffroy abbé de Saint-Martial ; et enfin Adalmodis, qui devait épouser Aldebert, comte de la Marche, puis Guillaume, duc d'Aquitaine.

Les seigneurs de la région vont se disputer le fief de Brosse pendant des années: Siège de Brosse par les comtes de Limoges et de Périgord. Le siège sera levé par Guy fils de Géraut. Adhémar, fils de Guy y délogera Hugues de Gargilesse* qui retrouvera le château plus tard*. En 1025, Adhémar décède, il ne semble plus être seigneur de Brosse depuis des années.

Brosse tombera sous suzeraineté anglaise* en 1154. Bertrand de Brosse préfèrera se rapprocher de Philippe Auguste (mars 1194), ce qui amènera Richard Coeur de Lion à lui confisquer le château qui lui sera rendu deux ans plus tard. Brosse repassera sous Philippe Auguste en 1206.

En 1328, Brosse passe dans la maison des Chauvigny, par mariage de Jeanne, dernière héritière des vicomtes de Brosse, avec André de Chauvigny baron de Châteauroux. C'est sous les Chauvigny, aux XIVe et XVe siècles, que seront édifiés des tours du front sud, la façade d'entrée et les logis centraux aujourd'hui disparus.

En 1369, Guy II de Chauvigny prête fidélité au roi de France. En représailles, le sénéchal de Poitou assiège, prend et démantèle la forteresse de Brosse.

Durant la deuxième moitié du 15ème siècle, un membre de cette grande famille, Jean de Brosse, devient maréchal de France et chambellan de Charles VII. Il est aussi le compagnon d'arme de Jeanne d'Arc.

En 1502, à la mort d'André de Chauvigny, le château est acquis par Louise de Bourbon, dame d'Argenton. Il restera jusqu'au début du XVIIIe siècle dans la famille Bourbon-Montpensier.

En 1768, Joseph de Fougières, achète le château, récupère les tuiles, les poutres et la charpente des bâtiments, ainsi que l'escalier à vis du donjon.

En 1820, une des tours s'effondre.

En 1838, les habitants profitent de l'écroulement de pans de murs pour leurs maisons.

Il n'en subsiste aujourd'hui que le donjon circulaire et sa courtine du XIIIe siècle et les tours qui les flanquent, remaniées au Ve siècle. L'enceinte couronnant le promontoire est de la fin du XIIIe siècle.

La ruine permet de dévoiler les entrailles des murs. Derrière le joli parement de pierres bien alignées se cache un remblai des déchets de taille de pierre et des galets.

Les fossés, taillés à même la roche, ont servi de carrière pour fournir les matériaux indispensables à la réalisation d'une enceinte en partie défendue par des tours rondes, qui peuvent dater du XIIIe siècle, comme le donjon.

Une poterne monumentale permettait d'accéder à un vaste espace intérieur (fermé au public). On remarque, au dessus de la poterne, une pierre blasonnée portant l'écusson à six fusées des Chauvigny, dont on a un autre exemple sur l'église de Morlac dans le Cher.

Contrairement à la plupart des donjons bâtis à la fin du 12ème et au début du 13ème siècle, celui de Brosse est au centre de la courtine. Cette tour serait donc plutôt une tour défensive protégeant le rempart du côté le plus vulnérable.

Le donjon extérieur, avec une base talutée renforçant l'assise de la tour et rendant la sape difficile, avec une hauteur de plus de 30 mètres et un diamètre d'une vingtaine,semble assez invulnérable. Sa position extérieur permettait de voir l'évolution de l'ennemi. Le donjon ne comporte aucune archère,ce qui semble renforcer la thèse d'une tour d'observation.

• Le cartulaire d'Uzerche cite en 1003 un Gérard frère de l'évêque Hilduin qui doit être Géraud d'Argenton (cart. Uzerche n°375).

• Rhotilde de Brosse, fille de raoul Guy Adhémar de Brosse (900-960) et de Milsendis ou Rilisendis (910-?), épouse en premières noces Archambauld de Comborn, puis en secondes noces, en 958, Géraud Ier de Limoges.

• En 974, le chroniqueur Aimoin de Fleury mentionne le nom de "castrum quod Bruciadicitur". Le site appartiendrait à Giraud (ou Géraud), Vicomte de Limoges.

• A la fin du Xe siècle, Adhémar, fils de Guy, fils de Géraud viconte de Limoges enlèvera une moitié du château de Brosse (probablement le donjon extérieur) à Hugues de Gargilesse. Adhémar, poussant son avantage, en profita pour s'emparer de la ville et du prieuré de Saint-Benoît-du-Saut, au moment où le prévôt Othier était absent, le vendredi de la seconde semaine de Carême.

Othier courut trouver Hughes de Gargilesse qui avait une injure à venger et une place à reprendre. Othier et Hugues arrivèrent, avec leurs troupes, à Saint-Benoît-du-Saut le mardi de la troisième semaine du Carême. Ils jetèrent sur la place des matières enflammées qui embrasèrent les bâtiments et obligèrent Adhémar à se réfugier dans le clocher. Le jeune ambitieux demanda quartier. Hughes promit de lui laisser la vie et les membres s'il se rendait prisonnier, lui et les siens. Plusieurs seigneurs furent pris avec Adhémar. Hugues de Gargilesse conduisit immédiatement Adhémar devant le château de Brosse et menaça de lui abattre la tête si le défenseur de la place ne lui ouvrait immédiatement les portes. C'est ainsi que défenseur de la place remit à Hughes la tour dont il s'était emparée.

• Hugues de Gargilesse partagea le château en co-propriété avec Guy, mais ne semble pas avoir porté le titre de viconte de Brosse.

• C'est sans doute sous les Plantagenêt qu'est construite l'enceinte flanquée de tours du nord-ouest.