Présent sur l’ensemble du territoire suisse, le Rougequeue noir demeure, depuis 1993-1996, le seul représentant de notre avifaune à occuper la totalité des carrés atlas. Il est dès lors l’espèce à l’amplitude altitudinale la plus étendue, qui le fait passer d’une variété d’habitats des régions basses à 3000 m, voire au-delà. Les carrés kilométriques optimaux hébergent régulièrement plus de 25 territoires. Les populations se concentrent à plus de 60 % audessous de 1000 m, où les densités sont maximales dans les plaines à forte activité humaine ; le peuplement est plus faible à moyenne altitude, puis augmente à nouveau entre 1800 et 2600 m. Si des nidifications sont connues jusqu’à 3200 m, elles n’ont pas dépassé les 2900-3000 m dans les temps récents, toutes en Valais (B. Gentizon, Th. Jäggi, C. Luisier) ; des chanteurs ont été entendus jusqu’à 3280 m à Zermatt VS (J. Duplain). À l’origine lié aux éboulis et autres espaces rocheux, le Rougequeue noir a colonisé les milieux urbains et périurbains, dont il sait tirer profit. On le trouve ainsi actuellement dans la quasi-totalité des environnements construits, qui abritent ses densités les plus fortes : villes, villages, zones industrielles ou commerciales, ainsi que les milieux ruraux avec bâtiments. Il n’est absent que des sites humides, des forêts fermées et des paysages agricoles peu diversifiés.

Le Rougequeue noir a suivi une tendance similaire à celle des surfaces bâties. Sa progression depuis 1993-1996 est ainsi la plus marquée dans et aux abords des grandes villes du Plateau, le long des Préalpes, dans la vallée du Rhône VS et le Sottoceneri TI. Ses effectifs ont crû de près de 60 % entre 1980 et 2010 au lac de Constance (surtout entre 1980 et 2000), mais sont restés stables dans le canton de Zurich entre 1988 et 2008. L’évolution à long terme est légèrement positive en Europe, en hausse en Allemagne et en Italie, et stable en France et en Autriche. Les effectifs suisses représentent plus de 7 % de la population européenne. Abondant, cosmopolite et peu exigeant du point de vue de ses besoins écologiques, ce rougequeue devrait continuer à bénéficier de l’extension des milieux urbains.