Suite au large déclin de la Huppe fasciée en Europe centrale au cours du XXe siècle, la Suisse a pratiquement formé un hiatus dans l’aire de répartition continentale. Actuellement, la Huppe y occupe les principales vallées alpines, l’Ouest lémanique et de rares secteurs du pied du Jura et du Plateau, les nichées n’étant que sporadiques ailleurs. Près de 90 % de la population se reproduit à moins de 1000 m et la nidification la plus élevée a été prouvée à Samedan GR 2100 m en 2013 (R. Vanscheidt, Th. Wehrli). La Huppe se nourrit essentiellement d’arthropodes, capturés à la marche dans des habitats offrant une strate herbacée rase ou clairsemée et des secteurs de sol nu tels que vergers, vignobles ou pâturages ras. La proximité de cavités adaptées à la reproduction est essentielle. Actuellement, la moitié des nicheurs se concentrent en Valais, où la densité de peuplement atteint environ 80 couples sur 64 km2 en plaine du Rhône. Ailleurs, les densités sont modestes et de nombreux sites ne semblent pas occupés chaque année.

En Suisse, le déclin fut massif entre les années 1950 et 1980. Après avoir atteint des minima inquiétants, la Huppe a amorcé une reprise au début des années 2000. Depuis lors, les effectifs nationaux ont doublé. Ils ont bondi en Valais dès 2002 – avec cependant une baisse récente – et dès 2004 dans les Grisons. De là, la vallée du Rhin saint-galloise a été colonisée dès 2012. Sur le Plateau, la Huppe a notamment regagné le canton de Genève dès 2006 et progressé dans celui de Vaud. Au Tessin, les effectifs restent stables depuis 2006 au moins. À l’étranger, les tendances sont positives en Allemagne, France et Italie.

La reprise observée depuis le début des années 2000 repose en bonne partie sur des mesures de conservation mises en œuvre dès 1998 en Valais, puis dans d’autres régions, et soutenues par un plan d’action national. Le réchauffement climatique constaté en période de reproduction a sans doute renforcé les effets de ces mesures, de même que, localement, l’essor de pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement, en particulier dans les vignes. La disponibilité en proies de grande taille et en cavités de reproduction adaptées demeure critique pour la Huppe.