La Grive musicienne est présente dans toute la Suisse, des plaines aux derniers arbres. Elle affectionne les forêts structurées et humides, mixtes ou résineuses, et tout particulièrement les bouquets d’épicéas pour y placer son nid. Contrairement à d’autres pays d’Europe occidentale et centrale, où elle colonise aussi les parcs et cimetières, elle demeure avant tout forestière chez nous. Les densités moyennes les plus fortes comme les maximales, respectivement supérieures à 15 et 30 territoires/km2, sont notées dans les régions pluvieuses et très boisées du Jura plissé et du versant nord des Alpes, surtout entre 800 et 1500 m ; le Tessin n’est que faiblement habité. Aux altitudes les plus élevées, les preuves de reproduction ont été apportées au Parc national suisse 2230 m (Cl. Irniger) et au-dessus de Celerina GR 2180 m, tandis que des chanteurs ont été signalés à près de 2300 m, dans la région du col de l’Ofen GR (D. Godly, M. Hofer) et à Zermatt VS (Ch. Huwiler). L’augmentation générale des effectifs suisses, d’environ 40 % depuis 1993-1996, a débuté en 2009 et fait suite à des fluctuations peu claires ; elle se révèle plus marquée au-dessus de 1000 m.

Pour l’heure, aucune progression analogue n’est perceptible dans les pays voisins. Une faible mais constante augmentation a été décelée en Italie en 2000-2014, tandis qu’une stabilité de longue date prévaut en Allemagne et en Autriche; il en fut de même en France entre 2001 et 2015, après toutefois une forte progression dans les années 1990. La tendance européenne est légèrement positive depuis 1990.

Le net renforcement des effectifs depuis 2009 n’est guère compris, si ce n’est qu’il concorde assez bien avec la croissance marquée des populations suisses d’escargots. Un lien de ce type paraît a priori concevable, dans la mesure où limaces et escargots jouent un rôle bien plus important dans le régime des adultes et des jeunes Musiciennes que dans celui des autres grives. On ne peut cependant écarter l’influence positive que pourrait jouer la densification des forêts au cours de ces 20 dernières années, surtout en montagne.