5. Malines. - La Façade aux Diables (Duivelsgevel). Les maisons à façade en bois ont, presque toutes, disparu; le temps et, plus encore, le feu amène leur remplacement par la pierre et la brique. C'est avec ces dernières seulement que les pieux amateurs du Passé font faire leurs reconstitutions. Malines a cette chance presque unique d'avoir conservé, au Quai à l'Avoine, le triple bijou constitué par les trois maisons, dénommées « Paradis », les « Diables ou Diablotins » et «Saint-Joseph », en raison des détails sculpturaux de leurs façades. Celle des « Diables » est à pans de bois et est, comme l'a dit Cloquet, «le chef-d’œuvre de nos constructions en bois». Elle remonte aux débuts du XVIe siècle, époque où la régence de Marguerite d'Autriche avait valu à Malines, siège au surplus du « Grand Conseil », un rang de capitale parmi les villes de nos provinces. Chaque étage est en encorbellement, faisant saillie sur le précédent grâce à des consoles fermées par la saillie des poutres hors de la façade. Celles qui soutiennent l'étage d'entresol, sculptées en forme de diables accroupis, ont donné son nom à la maison. Les consoles du comble, elles, représentent des personnages humains, facilement reconnaissables il leurs costumes et attributs. C'est, à chaque extrémité de la maison, un fou et un guerrier; au centre, trois femmes dont la première et la troisième, tournées l'une vers l'autre, représentent la Fatalité (attribut : le scorpion) et la Prudence (le serpent). Entre ce groupe central et chaque extrémité latérale ce sont, de part et d'autre, une femme avec un chien (fidélité), suivie d'un guerrier; une femme avec un paon (fierté) et un homme armé d'un bâton. Ce comble remarquable se termine par un gable rampant représentant une sirène et un satyre. Ajoutons que le linteau de la porte représente l'histoire de l'enfant prodigue.